Pourquoi certains patients atteints de diabète 1 n'ont jamais de complications, expliquent les chercheurs

Certaines personnes atteintes de diabète de type 1 passent au moins cinquante ans avec la maladie et ne présentent aucune complication, tandis que d'autres développent une rétinopathie diabétique proliférative, une néphropathie (lésion rénale), une neuropathie (lésion nerveuse) ou une maladie cardiovasculaire. Des chercheurs du Joslin Diabetes Center ont écrit dans la revue Traitements diabétiques que certains patients diabétiques de type 1 possèdent certains facteurs, pas encore complètement identifiés, qui réduisent considérablement leur risque de développer des complications et les empêchent parfois de survenir.
Les chercheurs croient que certains patients atteints de diabète de type 1 ont un mécanisme de protection qui leur permet de vivre sans les complications généralement associées au diabète. Les mécanismes ne sont pas les mêmes pour les complications microvasculaires et macrovasculaires.
Microvasculaire, en termes simples, se réfère aux petits vaisseaux sanguins, tandis que macrovasculaire se réfère aux plus gros. Des exemples de complications microvasculaires comprennent des lésions nerveuses, oculaires ou rénales, tandis que les maladies cardiaques sont un exemple de complication macrovasculaire.
Le chercheur principal, le professeur George King, a déclaré:

"Si nous pouvons identifier ce qui constitue ce mécanisme de protection, nous avons le potentiel d'induire de telles protections chez les personnes atteintes de diabète. C'est énorme."

Ils ont évalué la santé à long terme de 351 citoyens américains, ils ont appelé le Médaillé cohorte et a constaté que certains d’entre eux vivaient sans diabète de type 1 depuis plus de 50 ans.
Ci-dessous, un pourcentage de patients diabétiques 1 qui ont vécu sans complications typiques depuis plus de 50 ans:

• Rétinopathie diabétique proliférative (RDP) - 42,6%.
  96% de ceux qui n'ont pas développé de RDP ne présentaient aucune progression de rétinopathie au cours des 17 premières années de leur diabète et aucune aggravation des symptômes. Les chercheurs croient qu'ils portent une sorte de protection spécifique.
• Atteinte rénale (néphropathie) - 86,9%
• Lésion nerveuse (neuropathie) - 39,4%
• Maladie cardiovasculaire - 51,5%

Ils ont également été surpris de constater que le contrôle glycémique n'était pas lié à ce mécanisme de protection.
King a dit:

"Cela ne signifie évidemment pas que le contrôle glycémique ne permet pas de prévenir les complications. De nombreuses autres études ont montré qu’il le faisait indéniablement. Dans ce cas, cela signifie seulement qu’il existe un mécanisme de protection distinct qui n’est pas lié au contrôle glycémique qui aide également à protéger contre les problèmes liés au diabète. Nous travaillons toujours à identifier exactement ce que c'est. "

Les auteurs ajoutent que la plupart des personnes qu'ils ont étudiées avaient développé un diabète de type 1 bien avant qu'un contrôle glycémique strict ne soit jamais possible, ou utilisé dans les soins médicaux standard. Ces personnes ont vécu sans complications un bon nombre de décennies sans contrôle glycémique strict.
Une personne ayant un taux élevé de carboxyéthyl-lysine et de pentosidine dans le plasma, ou des produits finaux de glycation avancés (AGE) était beaucoup plus susceptible de présenter des complications - 7,2 fois plus probables - par rapport à celles présentant des taux faibles.
Après une longue exposition à des taux de glucose élevés, les taux d'AGE augmentent. Les AGE ont longtemps été liés aux complications liées au diabète.

Les chercheurs ont cependant constaté que les personnes présentant d'autres types de molécules d'AGE présentaient des risques de complications significativement plus faibles, ce qui suggère que tous les AGE ne sont pas nocifs, certains sont en fait protecteurs.

Éditorial d'accompagnement

Le Dr Aaron Vinik, du Centre de recherche sur le diabète de l'Eastern Virginia Medical School, a écrit:

"L’accumulation des AGE peut être l’un des facteurs importants de la mémoire métabolique", un phénomène dans lequel une période initiale de bon contrôle glycémique, lipidique et de la pression artérielle se traduit par une longue période de bienfaits pour la santé au-delà de la période de contrôle.

Nous sommes certains qu'un mécanisme de protection est en jeu. Nous ne savons pas si la mémoire métabolique est un facteur important. Le contrôle glycémique n'a pas été considéré comme important avant 1993, longtemps après le début de l'étude.
Parmi ceux qui présentent les complications les plus graves, les taux de récepteurs solubles circulants chez les AGE - sRAGE - sont faibles, alors qu'ils sont élevés chez ceux qui vivent le plus longtemps.

Vinik a ajouté:

"Si c'est le chaînon manquant, il est énorme pour l'émergence possible d'un nouveau biomarqueur et le potentiel de thérapie qui pourrait augmenter le taux de sRAGE ou de sRAGE en circulation."

"Protection contre la rétinopathie et autres complications chez les patients atteints de diabète de type 1 de durée extrême - Etude médaillée des 50 ans de Joslin"
Jennifer K. Sun, MD, MPH, Hillary A. Keenan, PHD, Jerry D. Cavallerano, OD, PHD, Bela F. Asztalos, PHD, Ernst J. Schaefer, MD, David R. Sell, PHD, Christopher M. Strauch , BSC, Vincent M. Monnier, MD, Alessandro Doria, MD, PHD, MPH, Lloyd Paul Aiello, MD, PHD et George L. King, MD
Traitements diabétiques. 29 mars 2011 vol. 34 non. 4 968-974
doi: 10.2337 / dc10-1675
Ecrit par Christian Nordqvist